Si les pierres pouvaient parler, le vieux port d'Artaix, niché au bord de la Loire, aurait bien des histoires à raconter. Il fut un temps où ce lieu, aujourd'hui paisible, était un véritable carrefour fluvial, une plaque tournante pour le transport de marchandises et de personnes.
La Loire, depuis toujours, une artère vitale
La Loire, capricieuse et sauvage, a longtemps été une artère vitale pour la région. Les bateaux, de toutes tailles et de toutes formes, sillonnaient ses eaux, transportant
le vin, le charbon, les céréales,
des tuiles et briques de la Tuilerie d'Artaix
des passagers
et bien d'autres produits encore.
Le port d'Artaix, situé sur un point stratégique du fleuve, était une halte essentielle.
César nous dépeint de son temps une active navigation sur la Loire. Des marchands romains s'étaient établis près de ses rives.
De même, Strabon (historien grec) nous parle d'expéditions sur la Loire, qui offrait, dit-il, une navigation facile. La corporation des nautes de la Loire, groupant négociants et bateliers, devait avoir un de ses centres à Roanne.
La navigation de la Loire s'est poursuivie jusqu'au 19e siècle, mais il est certain que les invasions lui ont valu un ralentissement.
Les documents féodaux sont la preuve de cette continuité ; c'est ainsi qu'en 1220, "Guillemette, veuve de Chatard de Roanne, fit foi et hommage au comte de Forez pour la moitié du port et péage de Roanne, dont le revenu formait probablement son douaire".
Ce droit de péage paraît avoir été, dès les temps les plus anciens, la principale source de richesse des seigneurs des divers Péage sur la Loire.
pour transporter les personnes et marchandises de Roanne à Orléans et plus.
Cette activité fluviale tenta même les spéculateurs, et lorsque François d'Aubusson, duc de La Feuillade, devint duc de Roannais, il obtint, en mars 1673, des lettres patentes portant permission audit seigneur duc, à ses successeurs ou ayant cause.
avec faculté de voiturer des unes aux autres (les personnes, paquets, hardes et marchandises),
au prix qui serait fait par les particuliers, de gré à gré,
ou qui se trouverait réglé par les officiers des villes,
où de semblables établissements avaient eu lieu.
Le duc devait assurer un service régulier et ne pas gêner les autres entreprises ; cette concession s'explique par l'irrégularité des services, qui décourageait les expéditeurs.
Alphonse Coste, essai sur Roanne, d'établir, à ses frais,
des bateaux de voiture et coches par eau sur la rivière de la Loire,
de la ville de Roanne en celles d'Orléans, Tours, Saumur, Nantes
et autres, même en celle de Paris par le canal de Briare,
et desdites villes retourner en celle de Roanne ;
Les péages du port d'Artaix : une source de revenus pour les seigneurs locaux
Les anciens seigneurs de Maulevrier avaient le droit de prélever un péage sur chaque bateau de marchandise naviguant sur la rivière.
Ce droit, initialement fixé à deux sols six deniers par bateau, était basé sur une vente effectuée par Jean de Chabannes à Philibert de Lespinasse, l'un de ces seigneurs.
Les seigneurs de Maulevrier exerçaient ce droit de manière extensive,
en prélevant également un droit de "couponnage" (un boisseau de blé par bateau)
et un second péage terrestre, appelé "péage de Marcigny".
Ce dernier était perçu sur toutes les denrées et marchandises entrant ou sortant de leur territoire d'Artaix en direction de Marcigny.
Un emplacement stratégique et une activité artisanale dynamique
Le port d'Artaix se trouvait à l'extrémité de la paroisse, en direction de la motte Saint-Loup.
Cette position offrait une vue étendue et variée, orientée vers l'est.
Ces artisans travaillaient sur les ports
d'Artaix, aux hameaux de Brenons, de Saint-Loup
et aussi des Galands (Melay commune voisine).
Ils assuraient souvent le transport de marchandises, notamment du poisson, des céréales et du vin, pour le compte des marchands.
Le déclin du port d'Artaix et l'essor du canal de Roanne à Digoin
Au fil du temps, le port d'Artaix a perdu de son importance avec le développement de nouvelles infrastructures de transport.
Au 19ème siècle, la construction du canal de Roanne à Digoin a
marqué un tournant. Ce canal, reliant la Loire à la Saône, offrait une voie navigable plus moderne et efficace pour le transport de marchandises et les voyageurs
Quatre trains de la ligne de Saint-Étienne à Lyon :
- train de voyageurs en traction équestre ;
- train de marchandises en traction équestre ;
- train de voyageurs en descente gravitaire ;
- train de houille, tiré par une locomotive antérieure à 1840.
La fin du canal et l'arrivée du chemin de fer
Cependant, le canal de Roanne à Digoin connut également son déclin avec l'essor du transport ferroviaire.
L'arrivée du chemin de fer a révolutionné le transport de marchandises et de personnes, offrant une rapidité et une capacité bien supérieures à celles du transport fluvial.
Ainsi, le port d'Artaix, autrefois un centre névralgique du commerce local, a progressivement perdu de son importance avec l'évolution des modes de transport.
Son histoire témoigne des transformations économiques et techniques qui ont façonné la région au fil des siècles.
Le port d'Artaix aujourd'hui : un lieu de mémoire
Aujourd'hui, il ne reste du port d'Artaix qu'une descente en pierre qui mène à la Loire.
Mais le souvenir de son passé maritime demeure, et le port d'Artaix reste un lieu de mémoire, témoin d'une époque où la Loire était une voie de communication essentielle.
Les charpentiers de marine des Brenons et de St Loup un savoir-faire ancestral
La construction de ces bateaux était un savoir-faire transmis de génération en génération par les charpentiers de marine.
Les villages des Brenons et des Galands, situés non loin d'Artaix,
étaient réputés pour leur expertise dans la construction de bateaux de Loire.
Ces artisans talentueux, véritables maîtres de leur art, construisaient des bateaux solides et fiables, capables de braver les flots de la Loire.
Les bateaux de la Loire : des adaptations ingénieuses
Les bateaux qui naviguaient sur la Loire étaient spécialement conçus pour s'adapter aux particularités du fleuve.
Les "fûtreaux", bateaux à fond plat, étaient particulièrement adaptés pour naviguer sur les eaux peu profondes et les rapides de la Loire.
Les "gabarres", plus grandes et plus robustes, étaient utilisées pour le transport de marchandises sur de plus longues distances.
La "Toue" ou a Toue cabanée est une embarcation typique de la Loire. Facilement reconnaissable, son design et ses caractéristiques sont uniques.
Ce bateau dispose d’un fond plat, une large proue et, à son bord, se dresse une cabane en bois
Atelier ODINET à St Loup (Artaix) Charpentier de marine
VENTE MOBILIÈRE APRÈS DÉCÈS.
Le mercredi 28 janvier 1855, dix heures du matin, à l'atelier de constructions de bateaux sous Saint-Loup, commune d'Artaix, appartenant à feu M. ODINET, il sera procédé à la vente publique, en gros ou par lots, d'un assortiment de bois de bateaux, tels que bords, fretiaux, courbes, ribles, membrures, etc., gissant au dit atelier, appartenant à la succession de M. Odinet.
Le tout sera payé argent comptant, ou à terme à convenir de gré-à-gré avec Madame veuve Odinet.
▲ Charolles, de l'imprimerie de J. Spar
Répertoire des transactions
Audinet d'Artaix vend en 1663 à Laillet de Digoin
Louis Bugaud d'Artaix en 1673 à Payen Marchand/Voiturier d'Orleans
Charpentier Nom inconnu vend en 1691 à Noel Batillat de Digoin
extrait du livre Histoire de la marine de Loire (avant l'ère industrielle)
Emmanuel Brouard
Selon François Billacois, la construction des bateaux de chêne devient une spécialité de la Loire amont entre le milieu du 17e siècle et le début du 18e siècle.
Le cœur de cette activité est dans le secteur d'Artaix, Iguerande, Baugy, Avrilly, plus loin Digoin et Diou, en aval de Roanne. Malgré l'importance économique de la construction, les témoignages sont rares. Elle ne retient pas l'attention, et on ne l'observe qu'au détour de documents centrés sur d'autres sujets.
Ainsi, en 1764, Blanchet, chargé d'une mission par le Conseil du Duc d'Orléans et la compagnie du canal de Briare, passe la nuit à Artaix, et remarque « qu'il s'y construit beaucoup de bateaux »), en partie vendus à des bateliers de Roanne.
En 1838, une statistique du département de Saône-et-Loire indique que presque tous les habitants d'Artaix se livrent à la construction des bateaux (524).
En Aout 1794, un recensement de bateaux fournit d'autres indices (525). Il comprend 35 bateaux de chêne, construits à Artaix surtout, ainsi qu'à Diou, Avrilly, Baugy, Galland, Iguerande. 2 pillards, aussi en chêne, viennent de Chambilly (526).
LE PORT D'ARTAIX (extrait du livre Navigation à Roanne)
Que remarque t-on?
- des murs de soutènements monumentaux
- une jetée qui s'enfonce dans l'eau
- quelques anneaux d'amarrage
Depuis la nuit des temps, les rivières et les fleuves ont servis de voies de communication. La Loire a servi très tôt au transport de marchandises et c'est sous Henri XIV que la "batelerie de la Loire" a vraiment pris son essor. D'où création tout au long de celle-ci de petits ports Artaix, Pouilly, Briennon, Iguerande, Melay, Chambilly, Marcigny car autrefois, les remparts de la ville de Marcigny baignaient et les barques s'y amarrèrent.
De tous ces ports, Artaix semble avoir été le plus important grâce à sa position géographique.
En effet, les autres ports étaient en plaine donc inondables en cas de crue. Le port d'Artaix établi en bordure d'une falaise se trouvait à l'abri des aléas.
Les bateaux étaient de plusieurs types: la simple barque à la grande gabarre, il s'agissait toujours de bateaux à fond plat.
Histoire d'un naufrage à Artaix en 1749 (extrait du livre Navigation à Roanne)
Un document très intéressant des Archives départementales de Saône-et- Loire' relate un naufrage survenu dans le port d'Artaix le 25 septembre 1749.
Ce matin-là, vers huit heures, deux bateaux remontant la Loire, peut-être à la voile, ou plus vraisemblablement par halage, arrivent en vue du port d'Artaix. Les bateaux viennent d'Orléans.
Ce sont des toues d'une dizaine de mètres de long, conduites par deux voituriers: Charles Payen et Jacques Girard, demeurant tous deux à Orléans. Les toues portent un chargement de chaudières en fonte et de marmites destinées à deux marchands qui résident au port d'Artaix: Philibert Charpin et un nommé Bassot.
À cause de la hauteur du "chantier" et de la rapidité des eaux, le halage ne peut se faire sur la rive gauche où se trouve le port. Pour aborder au port, il faut donc effectuer une manœuvre qui consiste à dépasser le port, avant de redescendre au fil du courant pour amarrer les bateaux.
Mais avant que les deux mariniers aient pu terminer la manœuvre, le pontonnier, un jeune garçon de moins de quinze ans, détachait la charrière amarrée sur la rive droite, et lui faisait prendre la direction du port.
On imagine la scène, les cris des mariniers et des badauds se trouvant sur le port, les bateaux entraînés inexorablement par le courant et se rapprochant de la lourde charrière
Notre association MolArtaix a fait pendant la période 2021 et 22 des travaux de nettoyage des sols et des murs pour refaire apparaitre les pierres et les escaliers.
Avant les travaux
Des jeunes filles scouts de la région parisienne nous ont aidé pour dégager le mur. Nous avons mis au jour l'escalier du milieu
Merci pour ce coup main. Pose pour la photo sur l'escalier du milieu
Un des trois escaliers sur le mur de contrefort.
Tout est propre, mais cela repousse tous les ans.
L'origine n'étant pas connue, on peut supposer que l'on traversait la Loire ici depuis que l'homme a su naviguer. Aucun pont n'existait aux alentours avant la construction de celui de Chambilly en 1838.
On utilisait des barques de différentes dimensions. Sur le Grand Bac appelé “charrière” on pouvait transporter deux voitures à cheval, du bétail et même des poules.
Panneau descriptif du Bac sur la Loire
Les membre de l'association
a gauche : Eric Nevers Maire d'Artaix
a droite Roland Rondepierre Président Asso
a sa gauche Jean-paul Capelle Président asso 2025
Des QrCodes sue le panneau permettent une liaison avec les pages du site molartaix.fr